Festival Paléo, Nyon, Suisse
Soirée du mercredi 24 juillet 2019
Avec Tamino, Bodh’aktan, Xavier Rudd, Cyril Cyril, -M-, Les trois accords, Lana del Rey, The Blaze, Alma Negra
Jours précédents :
Et c’est parti pour le deuxième jour du côté du Paléo ! Temps toujours aussi radieux et caniculaire, entrée toujours aussi fluide, sac toujours rempli de bonnes bières, bref, les conditions sont idéales. À un détail près : le train qui m’emmène aujourd’hui entre Nyon et le festival est celui non climatisé…
Paléo deuxième jour, demandez le programme !
Là où le festival commençait hier avec deux artistes en simultané dès 16 h 30, il faut aujourd’hui attendre 16 h 45 pour voir le premier concert, Tamino. C’est de la chanson pop-rock avec une voix très étonnante. J’ai regardé cinq minutes pour la culture, mais ça ne me convenait absolument pas. Par contre, il semblait faire un triomphe auprès du reste du public.
Tamino et ses deux musiciens débutent la journée sous le Club Tent
[photo de Ludwig Wallendorff pour le Paléo]
Du coup, direction le Village du Monde et son Dôme, occupé, de 17 h 30 à 18 h 45, par… Bodh’aktan. Oui, le même groupe qu’hier. C’est une particularité du Paléo (du moins j’ai pas souvenir d’avoir vu d’autres festivals faire de même), ils programment parfois certains artistes du Village du Monde deux soirs de suite. Dans le cas de Bodh’aktan, ils auront même joué quatre sets : deux d’une heure et quart au Dôme, deux de vingt minutes à l’Escale.
Cela dit, une bonne partie du public les ayant appréciés le mardi, la fosse est de nouveau bien remplie. C’est toujours aussi fun, le groupe est vraiment charismatique, la musique prenante, bref, on s’amuse bien, même si la setlist est évidemment composée de certains morceaux déjà entendus. Originalité du jour, une reprise version punk celtique de Killing in the Name ! Sans surprise, tout le monde ressort de ce nouveau concert de cet excellent groupe en ayant bien transpiré.
Bodh’aktan est de retour pour une nouvelle salve d’un explosif mélange d’énergie et de bonne humeur
[photo de Laurent Reichenbach pour le Paléo]
Il est temps d’aller chercher à manger dans le choix pléthorique disponible sur la Plaine de l’Asse. Pour ce soir, ce sera un excellent fried chicken, cher mais avec une quantité plus qu’honnête.
Meilleur moyen de le déguster, se poser devant la Grande scène où joue entre 18 h 45 et 20 h Xavier Rudd, encore un Australien figurant cette année au programme du Paléo. On est là dans un registre plutôt doux, avec un talentueux multi-instrumentiste. C’est le concert parfait auquel assister tranquillement en mangeant, même si je reconnais que je trouve ça un peu trop calme, voir lassant sur la durée, malgré un certain nombre de variations plus rythmées, avec des touches rock, reggae ou tribales ici et là. Les passages intégrants du didjeridoo sont clairement les plus convaincants.
Pieds nus, coupe mulet et T-shirt Sea Shepherd devant son didjeridoo, Xavier Rudd empile les clichés pour jouer sa folk tribale
[photo de Amdo photo]
Le chanteur Bertrand Belin qui joue en même temps au Détour ne m’attirant pas plus, je profite d’être accrédité ce soir pour découvrir les lieux charmants réservés à la presse, et arrive ainsi sur le sympathique balcon avec vue sur la Grande scène. Du moment que je suis là, j’assiste finalement au reste du concert de Xavier Rudd.
La vue depuis ce balcon est franchement sympa !
[photo perso]
La soirée s’emballe enfin avec trois propositions sur le coup de 20 h : l’electro-pop de Flavien Berger aux Arches (qui remplace Thérapie Taxi, le groupe ayant annulé en dernière minute suite à un décès dans la famille d’un des membres), la pop glam — queer intrigante de Hubert Lenoir (programmé aux Eurockéennes, à Dour et au Paléo, mais que j’aurai loupé à trois reprises) et Cyril Cyril au Club Tent.
J’avais raté Cyril Cyril à Festi’Neuch, alors qu’ils jouaient en plein orage. Il y avait tellement peu de courageux affrontant le déluge qu’ils avaient, d’après ce que j’ai entendu, fait monter les quelques spectateurs sur scène pour assister au concert assis autour d’eux ! Un moment qui devait être bien sympathique.
Il y a plus de monde ce soir pour découvrir l’étrange duo suisse signé sur Born Bad, mélangeant batterie, banjo et voix souvent spoken word. C’est spécial, certes, les paroles sont parfois cryptiques, mais c’est relativement intéressant. J’écouterais pas ça tous les jours, mais je suis content d’avoir enfin pu les voir.
Un duo d’instruments peu courant se retrouve sur le plateau du Club Tent
[photo de Nicolas Patault pour le Paléo]
Pour poursuivre, je vais écouter… Bodh’aktan. Oui, pour la quatrième fois en deux jours, ça commence à faire un peu beaucoup, mais leur set à l’Escale du jour précédent était tellement fou que je ne pouvais pas rater ça. En plus ils sont si sympathiques que ça donne toujours envie d’aller les revoir !
Sans surprise, il fait beaucoup trop chaud, l’ambiance est à son comble et j’en ressors en transpirant beaucoup trop. Le final se sera cette fois-ci fait sur Lambé. Étonnamment, ils n’auront jamais joué leur reprise de Du rhum des femmes, pourtant en tête du nombre d’écoutes sur les sites de streaming. Leurs Trois capitaines sont tout à fait dans le même registre cela dit. On notera que j’avais compris les paroles comme étant “Les blondes, les brunes, nous n’en manquerons aucune, les belles, les fines et les pucelles à grosses poitrines”, mais il semble que ça soit en fait, de façon plus raisonnable, “et puis celles à grosses poitrines” ! Bref, en tout cas vivement que Bodh’aktan repasse par la Suisse !
Pendant ce concert/showcase, c’est The Mauskovic Dance Band (le groupe d’un des membres d’Altin Gün) qui joue sur le Détour, alors que -M- s’empare de la Grande scène. Je choisis d’aller voir ce dernier. Je n’aime pas trop le personnage, mais j’avais de bons souvenirs de shows sympathiques les deux fois où je l’ai croisé en festival, et il faut reconnaît qu’il a quelques tubes plutôt cool.
Double dose de -M- pour les spectateurs du Paléo
[photo de Amdo photo]
Comme d’habitude en venant depuis le haut du site, l’accès à la Grande scène est bien galère, la faute à la tribune beaucoup trop large. Je peine donc à m’approcher, me retrouve finalement en plein dans la pente (c’est bien pour la vue, mais c’est pas ultra confortable) et ai la surprise de constater que -M- est seul, sans le reste de son alphabet. Je m’étais pas franchement renseigné avant le concert, mais je crois n’avoir pas été le seul étonné.
En guise d’accompagnants, en plus de ses guitares, de son impressionnant pedal board, de ses loopers et d’une basse descendant de temps à autre du plafond, on a droit à des instruments-robots : deux colonnes d’éléments de batterie, un piano, un synthé et des “claps” comme -M- les appelle. Amusant au premier abord, mais vite lassant et pas si bien intégré dans la scénographie. Se retrouvant seul, Chedid en fait encore plus des caisses que d’habitude, changeant de guitare, de tenue et de coupe de cheveux à peu près toutes les trois minutes.
De temps en temps, un autre homme apparaît sur les écrans géants, mais j’avoue que je n’ai pas compris ce qu’il faisait (technicien contrôlant les instrum’automatiques ?), ni même où il se trouvait. Bref, le concert est décevant, seul le final où -M- fait monter des sécus, membres de l’équipe technique et bénévoles sur scène arrivant à donner une note positive à l’ensemble.
-M-, son public fidèle et ses instruments-robots
[photo de Ludwig Wallendorff pour le Paléo]
Trois options à nouveau pour le créneau suivant, débutant sur le coup de 22 h 30 : les DJs electro-pop de Polo & Pan aux Arches, la world musique psychédélique turque de Gaye Su Akyol au Club Tent ou Les trois accords sous le Dôme.
Une fois de plus, je fais le choix québécois et pars rejoindre le groupe de pop-rock aux textes légers, que je connaissais un peu (je me demande même si je ne les avais pas vus pour une première partie ou un concert gratuit du côté de Pully – Lavaux à l’heure du Québec, mais j’ai honteusement un doute). Le public semble être constitué d’une bonne dose de fans chantant des paroles par cœur.
Pour la première fois du festival, je me fais la remarque que le son est pas forcément excellent, les textes n’étant malheureusement pas toujours compréhensibles. Le groupe est par contre bien présent, charismatique et donne fortement envie de se pencher un peu plus sur sa discographie avec ses chansons franchement sympathique (notamment la très drôle Je me touche dans le parc, la surprenante Les dauphins et les licornes, l’autodérisionnante Ouvre tes yeux Simon, la célèbre J’aime ta grand-mère et l’ultra-entêtant Sasketchewan en final). Gros regret, ils ne jouent pas Tout nu sur la plage, qui passait à peu près une fois par heure à la radio lors de mon premier séjour au Québec à l’été 2007…
L’ensemble du groupe, avec un leader aux yeux bien ouverts !
[photo de Lionel Flusin pour le Paléo]
Pongo va mélanger kuduro, afrobeat et dance au Détour d’ici quelques minutes, tandis que Lana del Rey est déjà sur la Grande scène. Enfin, devrait déjà être sur la Grande scène. Elle a apparemment commencé son show avec un bon quart d’heure de retard alors que le “speaker” était venu l’annoncer à l’heure prévue…
Ça me permet d’arriver le concert à peine débuté et d’entendre la bourde monumentale qu’elle nous fait, égalant les exploits de Johnny Hallyday : “je ne pourrais pas imaginer être à un plus bel endroit ce soir qu’ici, à Genève !”. Aïe. Les huées du public de Nyon sont immédiates. Quelques minutes plus tard, les spectateurs commencent déjà à déserter, ce qui m’autorise à me rapprocher. Sur scène, des palmiers, des balançoires, des chaises longues, et une Lana del Rey exagérant totalement son style vintage, lent, aérien et nostalgique. Elle interprète la plupart des chansons assise ou carrément couchée (sur un transat, sur le piano, par terre sur un fond vert, bref, elle prend la poussière un peu partout) donnant au spectacle un rythme ennuyant.
Pire, le son ne suit pas du tout, puisqu’on entend beaucoup plus les chœurs (enregistrés) que sa voix faiblarde. La voilà maintenant qui descend dans la fosse et passe cinq minutes à signer des autographes et prendre des selfies, le concert étant interrompu pendant ce temps. Sympa pour les fans du premier rang, ridicule pour le reste du public. Après quelques autres morceaux, dont son tube Video Games chantonné tout en se balançant, elle sort de scène… dix minutes avant l’heure prévue. Foutage de gueule ? Je sais pas si on peut aller jusque là, mais prestation pas convaincante, voix peu audible et show soporifique, ça c’est sûr.
Photo rare : Lana del Rey se tient debout !
[photo de Nicolas Patault pour le Paléo]
Le temps d’acheter un pain au chorizo, qu’est-ce qu’il nous reste à voir ? The Blaze et Alma Negra. The Blaze, c’est de l’electro-house du côté des Arches. J’en ai aperçu quelques minutes de loin et de côté, loupant le visuel qui relevait probablement l’ensemble, mais musicalement ça ne passe pas chez moi. Alma Negra, c’est aussi de l’electro-house (drôle d’idée de faire ce clash de programmation), qui a l’air un peu plus pêchue au premier abord, mais qui revêt assez vite un côté afro-funk plutôt désagréable.
Alma Negra : rien de bien intéressant, ni musicalement ni visuellement
[photo de Anne Colliard pour le Paléo]
L’after réservé aux bénévoles et aux accrédités a l’air mieux (et c’est l’occasion de croiser le boss Daniel Rossellat et ses fameuses chemises à carreaux), mais je m’en vais plutôt prendre mon train pour Nyon histoire d’attraper l’autre train, pour Lausanne celui-là, le dernier de la nuit à 3 h 30.
Voilà une journée en demi-teinte, gâchée par les deux têtes d’affiche vraiment décevantes (-M- et Lana del Rey donc, pour ceux qui suivent pas), mais heureusement sauvée par la scène québécoise, à savoir les deux sets survoltés de Bodh’aktan et le sympathique concert des Trois accords. Va falloir que le Québec soit invité du Village du Monde chaque année ! À part ça, pas grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n’est la découverte Cyril Cyril. Espérons que ça soit mieux demain…
Jours suivants :