Festival Paléo, Nyon, Suisse
Soirée du jeudi 25 juillet 2019
Avec Dead Obies, Emilie Zoé, Rolling Blackouts Coastal Fever, Johnny Mafia, Lomepal, Odezenne, The Cure, Life
Payé 67,00 CHF (tarif étudiant en prévente)
Jours précédents :
- Paléo Festival 2019 – Mardi (Les Cowboys Fringants, Twenty Øne Pilots, Kompromat, Bodh’aktan, …)
- Paléo Festival 2019 – Mercredi (Lana del Rey, -M-, Les trois accords, Bodh’aktan, …)
Me revoilà au Paléo pour un troisième jour, le seul un peu rock sur une programmation qui gomme malheureusement de plus en plus les guitares au profit du hip-hop. Alors certes, cette soirée n’égale pas le génial mercredi de l’an passé (avec Lysistrata, Black Rebel Motorcycle Club et surtout Idles), mais c’est toujours ça de pris.
Le programme de la soirée, annonciateur de clashs à venir…
J’ai hésité à venir tôt pour voir Emilie Zoé ouvrir la journée au Club Tent de 16 h 30 à 17 h 30, le problème c’est que la prog était faite bizarrement. En effet, après elle, les scènes se taisaient avec une demi-heure sans le moindre artiste programmé ! Après ça, Dead Obies, groupe de hip-hop québécois mélangeant français, anglais et créole, était seul à jouer jusqu’à 19 h — alors qu’il ne m’intéressait pas. Bref, j’aurais eu une heure et demie sans rien à faire, et j’ai renoncé. Bizarres en tout cas ces débuts de soirée au Paléo, avec certains jours deux concerts en simultané dès l’ouverture des portes, et d’autres une sorte de semi-désert musical.
A peine arrivé sur le site, on me réquisitionne pour un sondage — ça me permettra de faire monter la moyenne à la question du nombre de concerts et de festivals vus par année ! Les obligations statisticiennes remplies, une notification de l’application du Paléo m’avertit qu’Émilie Zoé sera l’artiste du jour en concert sauvage à 18 h 40, super nouvelle !
Je tombe d’ailleurs sur son sound-check en allant passer dix minutes devant Dead Obies pour me convaincre que, vraiment, j’aime pas ça. On comprend rien aux paroles et musicalement c’est relativement basique. Ils en profitent pour fumer un joint sur scène et rendre hommage à la weed suisse. Au moins ils s’amusent !
Un plateau à nu pour accueillir un groupe de hip-hop qui ne m’a vraiment pas marqué…
[photo de Laurent Reichenbach pour le Paléo]
Retour au concert sauvage d’Emilie Zoé, bien fréquenté sous un petit coin d’ombre alors que la chaleur atteint probablement le record de la semaine. Elle nous fait un showcase en solo (elle est normalement accompagnée d’un batteur), franchement sympa, plutôt calme et intimiste avant de finir son set très court par un peu de rock plus énervé. Pas de doute, ça devait être très bien sur la scène du Club Tent !
Pas trouvé de photo du concert sauvage, je vous en mets donc une du Club Tent…
[photo de Nicolas Patault pour le Paléo]
Zed Yun Pavarotti ouvre le Détour en ce jeudi. J’avais noté que, dans la catégorie rap français, ça semblait pouvoir être intéressant, mais je préfère aller du côté de la Grande scène (relativement désertée en ce début de soirée, sans savoir si c’est à cause de la prog ou de la chaleur) pour découvrir Rolling Blackouts Coastal Fever.
Le Paléo nous décrit leur musique comme surf rock, mais j’ai l’impression que le terme a plus à voir avec le fait qu’ils viennent de Melbourne (eh oui, encore des Australiens !) qu’avec le style qu’ils jouent. On est plus sur du pop-rock calme et classique. Habillés à l’extrême opposé de rock stars, ils balancent leurs morceaux pendant une heure. C’est sympathique et gentillet, un peu répétitif, mais je pense surtout que ça n’avait pas vraiment sa place sur la Grande scène. Ça aurait beaucoup mieux rendu sur un plateau plus petit.
Si le rock avait été aussi surf qu’annoncé, ça serait super bien passé sous cette chaleur
[photo de Ludwig Wallendorff pour le Paléo]
Voilà le moment où je vais une fois de plus râler contre la répartition horaire… Exactement au même moment, entre 20 h et 21 h, jouent Johnny Mafia et The Twilight Sad, deux jeunes groupes de rock semblant extrêmement sympathiques. Il y a aussi le Cirque Alfonse, troupe québécoise dont j’avais vu le précédent spectacle, chroniqué ici — mais bon, là, en l’occurrence, c’est pas franchement le même registre. Programmer si peu de rock sur la semaine et mettre en clash deux des seuls représentants du genre, c’est quand même vraiment dommage. Et dire qu’en plus il n’y avait quasiment aucun groupe qui jouait entre 16 h et 19 h !
Je fais le choix d’aller voir Johnny Mafia aux Arches. On est sur du garage rock issu de la scène française (le batteur a d’ailleurs un T-shirt aux couleurs des collègues de tRuckks). C’est joyeux avec un son bien crade comme on l’aime, envoyé avec une bonne tenue pendant l’heure de concert. Dit plus clairement, c’est carrément bien, va falloir que je les écoute un peu plus !
Le public d’abord clairsemé arrive au fil du temps et a très envie de bouger, démarrant des pogos probablement exagérés pour le style de musique. Mais le groupe s’amuse devant ces festivaliers, dont certains très jeunes, les considérant comme des métalleux, et décide de lancer un wall of death. Un des sécus semble s’en inquiéter, mais un collègue lui fait signe de laisser les gens s’éclater. Et dire qu’une semaine avant j’ai vu un mec se faire sortir du concert de Fat White Family à Dour parce qu’il avait eu le culot de faire un petit slam puis de me rentrer dedans épaule contre épaule… La sécu à Paléo, c’est le contraire de celle de Dour, ils sont clairement là pour que le public s’amuse, et ça fait plaisir ! La seule fois où je les ai vus intervenir, c’est pour demander à une idiote d’arrêter de filmer avec son flash allumé, c’est dire !
Pas de photo du public déchaîné, vous vous contenterez donc du bassiste en train de se décrocher la mâchoire !
[photo de Nicolas Patault pour le Paléo]
Après ce très bon moment, qu’est-ce qu’on a ? Encore un clash… Pas de styles semblables cette fois, c’est moi qui ai des goûts qui partent un peu trop dans tous les sens. Au Détour il y a Rendez vous, un groupe parisien qu’on peut classer dans le post-punk. Je les avais déjà vus à Dour quelques jours avant, c’était sympa sans me laisser des souvenirs impérissables (faut dire que c’était tôt dans l’après-midi), du coup je décide de plutôt donner sa chance à Lomepal sur la Grande scène. Dommage, j’ai eu de bons échos du concert de Rendez vous.
Pour ma part, c’est donc rendez-vous avec Lomepal que j’avais envie de découvrir depuis quelque temps. Mais avant, passage à un excellent stand de bouffe libanaise, et constatation qu’on nous annonce une alerte orage. Les prévisions météo ont dû changer au moins quinze fois dans les dernières 24 heures, mais apparemment là c’est sûr, on va ramasser. Ben non. Quelques jolis éclairs derrière Lomepal et quelques gouttes plus rafraichissantes que dérangeantes pendant une heure, et ce sera tout. Tant mieux !
Pas besoin de se transformer en Lomepèlerine pour aller voir Lomepal, on restera relativement secs
[photo de Timon Bachmann pour le Paléo]
Je m’égare, Lomepal donc. Le public est à fond, même si je suis relativement éloigné. Par contre c’est fou comme ces jeunes sont pas capables d’écouter un artiste (dont ils connaissent les paroles par cœur en plus !) sans checker Insta ou envoyer un Snap toutes les deux minutes. Merde, je deviens un vieux con…
Je m’égare encore : Lomepal. C’est sympa. Y’a un décor plutôt efficace, des vrais musiciens et le son est parfait au point qu’on comprenne toutes les paroles que je découvre quasi entièrement et que j’apprécie dans l’ensemble. De temps en temps (pour toute la fin du concert en fait), l’artiste est rejoint par un deuxième rappeur pour mettre plus d’ambiance, ce qui apporte pas grand-chose selon moi, je préfère clairement les passages où il est seul en scène. Lomepal termine son concert en déclarant que c’est le meilleur de sa tournée, nous défiant de trouver une vidéo où il dit la même chose. Voilà encore un artiste que je devrais écouter un peu plus avant de le recroiser en live.
Joli travail sur le décor et l’éclairage du concert
[photo de Laurent Reichenbach pour le Paléo]
Si je vous dis qu’il y a un clash à suivre, vous me croyez ? La Montréalaise Charlotte Cardin est au Dôme pour faire un peu de chanson electro – pop – soul. Ça, je l’écarte. Reste les rockeurs de Th Da Freak au Club Tent ou les Bordelais au style dur à définir de Odezenne aux Arches.
Je commence à devenir fou, pour la deuxième fois je fais une croix sur le rock pour aller voir ce qui se rapproche du rap — il faut dire que j’avais déjà zappé Odezenne à Dour. Dès l’arrivée devant la scène, le backline en jette avec ses jolis synthés. Je sais toujours pas trop comment définir le style (rap, rock, hip-hop, electro, slam, chanson ?), mais musicalement c’est assez plaisant et les paroles sont travaillées. C’est même par moment parfaitement écrit et intéressant, notamment sur Je veux te baiser, le genre de titre auquel il ne faut pas se fier. J’adore d’ailleurs le clip qui va avec et les débats qu’il suscite dans les commentaires YouTube. Encore un artiste à écouter plus en détail avant d’aller le revoir en salle, ça commence à en faire une longue liste !
Odezenne devant un public des Arches conquis
[photo de Laurent Reichenbach pour le Paléo]
C’est maintenant The Cure qui prend les commandes de la Grande scène pour deux heures, le plus long concert de ce Paléo. Je les avais déjà vus aux Eurockéennes après un orage dantesque il y a quelques années (le scénario était apparemment pas loin de se répéter ce soir), mais j’admets ne vraiment pas connaître grand-chose du groupe anglais.
Robert Smith a toujours un look aussi surprenant et une attitude un peu spéciale, ne s’adressant quasiment pas au public. Autour de lui, le guitariste est dans le même registre, alors que le bassiste semble prendre du plaisir à être là. Musicalement, c’est parfait, avec un frontman bien en voix. Le groupe sortira de scène après probablement une heure et quart et mettra un long moment à revenir.
Je sais pas si c’est de la bière dans les verres posés devant la batterie, mais en tout cas ils en ont débité un sacré nombre !
[photo de Nicolas Patault pour le Paléo]
The Cure reviendra quasiment transformé pour le rappel, avec un Robert Smith semblant bien plus joyeux et s’adressant au public presque entre chaque morceau, tandis que les musiciens s’amusent entre eux. Le tout s’achèvera évidemment sur une belle interprétation de Boys don’t cry.
Alors certes, deux heures de spectacle pour un groupe que je ne connais pas, c’était un peu long (d’autant qu’il m’a fallu un bon moment avant de trouver un endroit où j’étais pas entouré de gens se racontant bruyamment leur vie sans interruption…), mais j’ai finalement bien apprécié le concert, apparemment décrit comme l’un des meilleurs par Smith himself. Un point négatif pour l’éclairagiste, sans aucune subtilité, qui fait tout clignoter sur des morceaux qui mériteraient une tout autre ambiance…
Le frontman au charisme le plus étonnant du rock
[photo de Nicolas Patault pour le Paléo]
Pendant The Cure, seul Doums & Népal (à savoir le backeur de Nekfeu et un rappeur masqué) ont troublé la quiétude du reste de la Plaine de l’Asse. Deux artistes sont encore au programme : du hip-hop avec Moha La Squale aux Arches et l’énergie de Life au Club Tent.
Cette fois, pas d’hésitation possible, je respecte mes goûts premiers en partant pour une dose de rock supplémentaire avec Life. Ceux-ci remplacent Fontaines D.C. qui ont annulé quelques dates suite à des problèmes de santé. Je les avais déjà vus aux Eurockéennes et à Dour, donc aucun regret pour moi, d’autant que le punk des remplaçants se prêtait bien mieux à la clôture que le post-punk posé des Irlandais initialement prévus.
Life is Life
[photo de Ludwig Wallendorff pour le Paléo]
Le festival a failli jouer de malchance puisque Life a vu son avion dérouté sur Lyon à cause des orages, et a fait son apparition sur le terrain du Paléo environ une demi-heure avant leur montée sur scène ! C’est peut-être la raison du petit retard avant le début du concert, qui a l’avantage d’éviter qu’il ne se superpose à celui des Cure. Life balance un set intense aux paroles engagées, nous parlant de Trump, son ami Johnson et je ne sais plus trop quoi d’autre avant de s’arrêter après à peine une demi-heure.
Ils reviennent heureusement pour quelques salves énervées supplémentaires devant un public conquis et agité. Rien de révolutionnaire, mais un groupe (dont j’avais jamais entendu parler) de live efficace pour clore cette journée. Une fois le concert terminé, de la musique sur bande-son est envoyée dans les enceintes et les spectateurs, visiblement très en forme et ayant encore envie de quelques guitares, continuent de sauter partout pendant que les techniciens rangent la scène, un moment plutôt étonnant !
Un peu de déchaînement dans le public pour bien terminer !
[photo de Ludwig Wallendorff pour le Paléo]
Une nouvelle tarte flambée (ce stand est trop bien placé, juste avant la sortie…) et ce sera la fin de cette journée. Le train sera plus animé que d’habitude avec un rappeur amateur nous faisant des démonstrations de ses talents (très relatifs) tout en catapultant une capote au son d’allah akbar — ça a au moins le mérite de tenir éveillé lors du trajet !
La conclusion de ce jeudi, c’est qu’il fut un peu frustrant au vu du nombre de groupes loupés qui m’intéressaient (The Twilight Sad, Rendez vous et Th Da Freak, sans oublier le Cirque Alfonse). Par contre, dans les artistes vus, il y aura eu la masse de découvertes à continuer d’écouter avec Johnny Mafia, Lomepal, Odezenne et Life. On ajoute à ça de bons moments avec Emilie Zoé et The Cure ainsi qu’un petit concert tranquille de Rolling Blackouts Coastal Fever et l’on obtient une excellente journée passée du côté de Nyon !
Jours suivants :