Les Cowboys Fringants
Chant par Karl Tremblay
Basse par Jérôme Dupras
Violon, accordéon, claviers, mandoline, flûte, etc. par Marie-Annick Lépine
Guitares par Simon Landry
Trompette, guitares, claviers par Jérôme Dupuis-Cloutier
Batterie, guitares et basse par Pierre Fortin
Batterie par Marc-André Brazeau
Première partie : Vincent Vallières
Chant, guitare par Vincent Vallières
Guitare par ?
Basse par Jérôme Dupras
Batterie par Pierre Fortin
Salle de concert Geneva Arena, Le Grand-Saconnex, Suisse
Produit par La Tribu (producteur), Auguri Productions (tourneur), Opus One (organisateur)
Concert du mardi 4 avril 2017 à 20h00
Placé en (places debout)
Les Cowboys et leur public, tout autant en forme les uns que les autres !
[photo de Joseph Carlucci, via la page Facebook de la salle]
Dans la liste des artistes que je ne loupe sous aucune prétexte lors de leurs passages par la Suisse, les Cowboys Fringants figurent en bonne position. C’était ainsi la quatrième fois que je voyais les Québécois sur scène, les trois premières ayant eu lieu du côté du Festival Pully Lavaux à l’heure du Québec (une fois en 2014, puis deux jours de suite l’année passée, carrément !). Leurs tournées européennes se font malheureusement rares et courtes depuis que les membres du groupe sont devenus parents, mais ils ont eu la bonne idée de prévoir une étape en Suisse lors de leur visite express en Europe.
Direction l’Arena donc, où j’assistais quelques semaines plus tôt au concert de Renaud, cité par les Cowboys Fringants comme source d’inspiration — et ça se sent. Première différence constatée par rapport à Pully, si ce n’est évidemment que la salle est largement plus grande : le public n’est semble-t-il pas constitué pour moitié de tous les expatriés québécois de Suisse. D’après un rapide sondage “à l’oreille”, ces derniers sont même plutôt rares.
Arrêtons-nous là concernant les statistiques démographiques et allons écouter la première partie, assurée par Vincent Vallières. Si celui-ci est, paraît-il, connu outre-Atlantique, ça n’est pas le cas en Europe. Sa participation à la mini-tournée des Cowboys Fringants n’a d’ailleurs été annoncée qu’au dernier moment. Accompagné de son guitariste et de deux musiciens des Cowboys (le bassiste et un batteur), Vincent Vallières propose de la chanson rock plutôt sympathique, aux jolis textes. En toute honnêteté, j’avoue cependant que je n’en ai pas retenu beaucoup plus que ça et que je serais bien incapable de vous résumer les paroles de ses chansons. Ce dont je me souviens par contre, c’est que le son était vraiment très bon, chaque mot se comprenant distinctement. Ca restera le cas toute la soirée, en faisant de loin les concerts avec le meilleur son que j’aie entendu à l’Arena, ce qui n’est pas négligeable !
Le public est prêt à accueillir les stars de la soirée !
[photo de Joseph Carlucci, via la page Facebook de la salle]
Après vingt petites minutes de pause, les têtes d’affiche du soir font leur entrée. Pour une fois, les costumes sont plutôt sobres — ni robe pour ces messieurs, ni même cravate estampillée d’une croix suisse. Au chant, au centre de la scène, le charismatique Karl Tremblay. A sa droite, la discrète mais incroyablement talentueuse multi-instrumentiste (violon, accordéon, claviers, mandoline, flûte et un peu tout ce qui lui passe sous la main) Marie-Annick Lépine. De l’autre côté, le bassiste fou Jérôme Dupras.
Manque à la liste du quatuor permanent des Cobwoys Fringants, bien que présent sur les affiches, le guitariste et parolier principal, Jean-François Pauzé, qui était d’ailleurs déjà absent à Pully l’été passé. Après quelques recherches, il s’avère qu’il était pourtant sur scène ces dernières semaines dans les concerts outre-Atlantique… Apparemment, sa non-participation aux dates européennes serait due à un fort mal du pays dès qu’il quitte son Québec adoré. C’est bien dommage, pour l’avoir vu en 2014, son duo excentrique avec Jérôme Dupras donne une ambiance assez incroyable au concert ! Ce qui est aussi dommage, c’est que le groupe ne mentionne pas son absence lors de la présentation des musiciens. Son remplaçant Simon Landry fait certes parfaitement son travail, mais reste en retrait et laisse l’avant-scène aux trois Cowboys “originaux” — ce qui peut se comprendre s’il ne joue que 2 ou 3 fois avec eux chaque année.
Reste encore à citer les musiciens de tournée, à savoir Marc-André Brazeau et Pierre Fortin derrière les surprenantes deux batteries du groupe (le deuxième quittant régulièrement ses fûts pour empoigner une guitare) et Jérôme Dupuis-Cloutier, principalement à la trompette, mais également aux guitares.
Le chanteur du groupe Karl Tremblay, son charisme et sa célèbre cravate !
[photo de Joseph Carlucci, via la page Facebook de la salle]
Premier titre interprété par les sept musiciens : la très bonne “Bye bye Lou”, tirée du dernier album “Octobre”. Le groupe enchaîne directement sur un de leurs nombreux tubes : l’ironique et surrythmée “Manifestation”, de quoi réveiller un public déjà très en forme ! Et l’ambiance ne descendra pas de sitôt, puisque suit “La reine”, sortie en 2004 sur l’album “La grand-messe” qui incluait quelques cuivres. Par rapport à 2014 où les Cowboys ne comptaient pas Jérôme Dupuis-Cloutier dans leurs rangs, cette chanson absolument géniale sonne beaucoup mieux avec une trompette sur scène ! Ce titre résume assez bien le contraste entre les paroles engagées socialement du groupe et ses musiques festives aux BPM toutes plus élevées les unes que les autres (celle-là doit d’ailleurs remporter la palme) ; voir toute l’Arena applaudir, sauter sur place et chanter “Ca s’est passé hier dans nuit du 12 au 13, en sortant d’son pick-up l’a eu comme un malaise, près d’chez elle, au métro du collège, on l’a retrouvée morte dans un banc d’neige” a quelque chose d’assez particulier !
Ma mémoire me faisant défaut, je m’arrêterai là avec l’ordre chronologique et continuerai de parler des différents titres joués ce soir-là (pour un concert de plus de deux heures, comme de coutume) dans le désordre. De façon assez surprenante, le groupe a choisi d’interpréter dès le début ses chansons les plus connues et les plus rythmées. Après “La manifestation” et “La reine” sont ainsi très vite arrivés “En berne” puis, pas bien plus tard, “Paris – Montréal”.
Un des meilleurs moments aura été” Plus rien”. Je suis à la base très fan du texte, de l’angle original par lequel la thématique est abordée et de la remarquable progression musicale tout au long du morceau. En live, c’est encore mieux, puisqu’après les dernières paroles arrive un final instrumental magnifique, avec une batterie bien appuyée et une trompette superbement exploitée ! Un moment bien rock, assez rarement utilisé par le groupe, pour un résultat vraiment excellent.
Le couple des Cowboys Fringants, duo plus que talentueux !
[photo de Joseph Carlucci, via la page Facebook de la salle]
Concernant le dernier album du groupe, en plus de “Bye bye Lou” ont été interprétés “Les vers de terre” et “Pizza galaxie” (qui, même si ce sont de très bonnes chansons, disparaîtront probablement de la set-list des prochaines tournées), “La dévisse” dont un clip vient de sortir et “Marine marchande”, avec la participation d’une spectatrice recrutée sur le web venue chanter les quelques lignes de la femme de l’histoire (une super idée).
Reste encore les excellentes “Droit devant” et “Ti-Cul”, les très bonnes “8 secondes” et “Joyeux calvaire” et deux titres plus inattendus avant la conclusion du concert (pré-rappel, évidemment). Le premier sera un hommage demandé par quelqu’un du public, sans que Karl ait apparemment tout bien compris : “L’hiver approche”. La deuxième a été présentée comme une chanson que personne ne connaît, qui a été choisie “pour en jouer une de chaque CD”. Effectivement, le groupe aura réussi à me surprendre avec un morceau jamais entendu, alors que je pensais avoir parcouru toute leur discographie !
Le final de cette heure et demie de concert se fait bien évidemment avec la très jolie “Les étoiles filantes”, l’occasion pour le public d’illuminer l’Arena à l’aide de flashs de téléphones portables (remplaçant les désormais has-been briquets). Je soupçonne également que le choix récurrent de cette chanson pour l’avant-rappel soit lié au côté entêtant de sa mélodie, permettant à tout le public de la reprendre en cœur pour faire revenir les Cowboys sur scène !
Voilà justement Karl qui réapparaît sur scène, vêtu d’un maillot de hockey de Genève-Servette… ce qui n’est apparemment pas du goût du public probablement venu en majorité de plus loin que de la ville du bout du lac. Le pauvre chanteur ne comprend pas tout de suite ce qui se passe — “j’arrive pas à savoir si les gens sont contents ou s’ils me huent !”. Je confirme, ils te huent, et il y en a même un qui te lance sa bière (eh oui, les supporters suisses sont un peu moins sportifs que ceux de NHL)… Heureusement, le roadie du groupe accourt depuis les coulisses avec un maillot des Canadiens de Montréal, ce qui semble plus satisfaire le public !
Et c’est parti pour le rappel !
[photo de Joseph Carlucci, via la page Facebook de la salle]
Cette deuxième partie commence par la très belle chanson titre du dernier album, “Octobre”, puis se poursuit par les classiques des rappels cowboyesques : la méga-festive “Le shack à Hector” et sa distribution générale de bières et de kazoos, l’historique, incompréhensible, folle et sujette à slams “Awikatchikaën” (inorthographiable aussi, d’ailleurs) et l’auto-proclamée chanson naïve “Tant qu’on aura de l’amour”, où certains spectateurs sont appelés à monter sur scène et les enfants à s’essayer aux instruments. La jeune bassiste du soir ne deviendra probablement pas rock-star tout de suite ! Une fois tous les fans descendus du plateau, les Cowboys nous accorderont un second rappel avec “La Catherine”, puis ce sera terminé, après quasiment 2h15 de show !
Conclusion ? Les Cowboys Fringants restent encore et toujours un des meilleurs groupes de live que je connaisse ! Cependant, après avoir vu trois de leurs concerts à Pully, je suis obligé de noter qu’en comparaison ils étaient plutôt calmes à Genève (une phrase qui doit faire bondir ceux qui n’étaient là qu’à l’Arena et qui peuvent difficilement comprendre de quoi je parle !). Il faut dire que les trois concerts dans cette salle de gym du Lavaux restent trois de mes meilleurs concerts jamais vus. Un public pour plus de la moitié québécois mettant une ambiance de folie et ne s’arrêtant jamais de sauter, une température tropicale, un Jérôme Dupras passant plus de temps à faire tout et n’importe quoi qu’à tenir sa basse (au point de devoir trouver des remplaçants pour jouer à sa place !), des Cowboys s’en allant au milieu du public, des enfants sur scène à peu près tout le temps, l’équipe technique servant de musiciens additionnels, des concours de corde à sauter avec les jacks des instruments, des échanges basse / guitare entre musiciens en plein morceau, une basse prêtée aux spectateurs du premier rang, une incroyable envolée d’avions en papier sur “Les étoiles filantes” suivie d’une très longue reprise de “la la la la la”, une tireuse à bières sur roulettes apportée sur scène (!) par Karl sous le regard désapprobateur de Marie-Annick, bref, c’était à chaque fois un très gros et magique n’importe quoi !
S’il n’y avait pas eu ces concerts à Pully, je conclurais simplement cette critique genevoise en apothéose avec une cascade de compliments. Là, je vais commencer par apporter une petite nuance en disant que JF Pauzé manquait un peu au groupe et que l’ambiance, bien qu’excellente, était très loin de la folie ayant envahi la Salle Arnold Reymond en juin 2014 et 2016. Place maintenant à la cascade de compliments promise : les Cowboys Fringants sont géniaux, leurs paroles font partie des mieux écrites que je connaisse, leurs chansons aux mélodies entêtantes et aux BPM dévastateurs sont des merveilles, les talents de musicienne de Marie-Annick Lépine sont remarquables, Jérôme Dupras et Karl Tremblay sont des showmen nés, les arrangements musicaux pour le live sont sublimes (raaah, “Plus rien” !), bref, c’était une soirée plus qu’excellente ! Merci les Cowboys, et vivement la prochaine fois !