Festival Chant du Gros, Le Noirmont, Suisse
Soirée du jeudi 5 septembre 2019
Avec Vanupié, Pascal Obispo, Razorlight
Le Chant du Gros est une étape incontournable pour moi depuis une douzaine d’années, si pas plus. A l’époque mon premier festival et mes premiers concerts, maintenant le signal que la longue saison festivalière se termine (28 soirées dans 13 endroits différents pour moi depuis le mois de mai), le tout tombant systématiquement sur mon anniversaire. Après avoir arpenté les froides étendues de l’événement du Noirmont comme simple spectateur, comme bénévole ayant fait le montage ou servant aux bars, me voilà cette année avec le grand plaisir d’être accrédité pour vous raconter cette édition dans le détail !
Travaillant à Fribourg, j’arrive au Jura non sans embûches, le train allant au Noirmont ayant une bonne demi-heure de retard… Maintenant que je suis sur place, quoi de neuf sur ce terrain ? Que quelques modifications mineures, à savoir une réorganisation des bars sur les hauteurs du site (et l’arrivée d’une tente à DJs à côté de la Silent party, qui m’a cependant semblé largement désertée) et l’apparition d’un ou deux nouveaux débits de boissons habilement accompagnés d’une zone de toilettes supplémentaire. Pour le reste, l’aménagement des lieux plutôt convaincant n’a pas bougé.
Voilà pour l’aperçu général de l’aménagement des champs noirmonniers !
Pas de modification au niveau des moyens de paiement par contre, la seule devise acceptée est toujours le Louis, à aller changer à un des points prévus à cet effet. La monnaie physique a été améliorée, mais à l’heure où la plupart des événements se mettent au cashless, cette façon de faire et ses désavantages (files d’attente, difficulté à voir quelle “pièce” vaut quoi, pénibilité de ne pas savoir combien retirer pour avoir assez mais pas trop, etc.) paraissent bien archaïques.
Bref, je suis en retard sur le site où deux concerts ont débuté. Au P’tit du Gros, le “festival dans le festival” réservé aux artistes suisses, les vaudois de The Kaze mélangent sonorités funk rock et textes rappés, tandis que Vanupié s’occupe d’ouvrir la scène Déménage (la deuxième plus grande du festival).
C’est vers celui-ci que je me dirige, pour les vingt dernières minutes de son set. Au programme, du reggae assez pop avec quelques inspirations soul, le tout chanté d’une voix très typée et plutôt agréable. Je ne m’attendais pas spécialement à adorer ça, et effectivement ça aura été sympathique, mais relativement vite oublié. C’est pas mon style musical de prédilection et, en plus, j’ai trouvé le côté “feel good” naïf un peu trop exagéré.
Aucun doute possible, même de dos, on repère tout de suite qu’on a affaire à un chanteur de reggae !
[photo de Jonathan Vallat pour le Chant du Gros]
Autre gros problème : le son. Ca fait des années que les festivaliers se plaignent de la qualité acoustique médiocre et, malheureusement, l’amélioration ne semble pas être pour cette année, puisqu’on retrouve la fameuse signature sonore du Chant du Gros. Pour essayer de définir la chose, la grosse caisse est sonorisée avec des basses absolument monstrueuses pour une raison inconnue. Derrière, la voix et le reste des instruments sont restitués dans une espèce de soupe difficilement audible. Vraiment dommage.
Le concert terminé, je m’en vais vers la Sainte scène, non sans passer avant par le stand du Père magret et ses célèbres sandwichs ! Arrivé sous la plus grande tente du festival, le plateau est occupé par Pascal Obispo — inutile de préciser que c’est pas du tout de la musique que j’apprécie, mais aucun autre concert ne se déroule en parallèle des têtes d’affiche au Chant du Gros, donc autant aller voir ce que vaut un des chefs de file de la variété française.
Je passe sur le son, ici aussi plutôt catastrophique, ce qui rend les paroles incompréhensibles la plupart du temps. En fait, je crois que ces deux premiers concerts ont été les pires, une légère amélioration se faisant sentir sur la suite du week-end… à moins que ça soit l’habitude !
Pour cette tournée, le chanteur a décidé de se remettre à la basse
[photo de Jonathan Vallat pour le Chant du Gros]
Que dire sur ce spectacle ? Musicalement, c’est pas si mauvais que ça ; si jamais je n’écouterai le répertoire d’Obispo en dehors de ce genre d’occasion, il faut reconnaître que le travail sur les arrangements est de qualité. Il a suffisamment de tubes pour plaire au public, même si l’alchimie entre la scène et la fosse ne m’a pas paru optimale. A noter que son set est émaillé de pas mal de courtes reprises de classiques pop – rock, allant jusqu’à se terminer au rappel par l’interprétation d’Allumer le feu, dont il est co-compositeur.
Joli travail des musiciens accompagnant le chanteur
[photo de Gilles Mauron pour le Chant du Gros]
Un show pas trop mauvais donc, mais rien de bien foufou pour ma part. Heureusement, c’est l’heure du seul concert qui m’attirait durant cette soirée d’ouverture du Chant du Gros : le britpop — rock de Razorlight. Face à eux au P’tit du Gros, c’est la jeune formation hip-hop Femme fatale qui s’occupe des festivaliers.
Mais revenons à Razorlight. Malheureusement, le syndrome des groupes qui ont un unique morceau connu du grand public a encore frappé. Les (rares) spectateurs étaient tous là à attendre ce titre, discutant et ne rentrant pas dans le show. Puisqu’”America” a été joué en dernier, ça a un peu cassé l’ambiance de tout le reste du set. C’est peut-être lié, mais j’ai pas non plus trouvé le groupe particulièrement communicatif et heureux de se retrouver là.
Razorlight a assuré le job devant un public clairsemé, sans faire d’éclat
[photo de Gilles Mauron pour le Chant du Gros]
Dommage, parce que le répertoire est plutôt sympathique, et interprété avec talent. Un concert qui aurait pu être très bien, mais qui a beaucoup souffert du manque d’ambiance, donc. Le groupe finit même sa prestation avec dix minutes d’avance sur l’horaire, et personne dans l’assistance ne semble avoir envie d’applaudir poliment pour demander un rappel.
Cette avance me permet de… partir prendre mon train. Eh oui, je crois que ça ne m’est jamais arrivé de quitter un festival si tôt, après seulement trois concerts (et sans même avoir bu une bière !), mais la pensée du réveil sonnant le lendemain matin a été la plus forte…
L’autre argument qui a pesé dans la balance c’est que, après Razorlight, c’est Kendji Girac qui prenait possession de la Sainte scène pour une heure et demie. Etant donné que je tiens à la survie de mes oreilles, j’aurais été incapable de m’infliger ce que je considère carrément comme faisant du mal à la musique. Tant pis pour la clôture de la soirée, semblant largement plus sympathique, avec au choix le blues – rock un peu garage de Edmond Jefferson & Sons au P’tit du Gros ou la chanson – reggae du Collectif 13 (supergroupe constitué de membres de Tryo, La Rue Kétanou et quelques autres) sur la scène Déménage.
Pendant que je quittais le site, à peu près tout le festival attendait impatiemment la tête d’affiche de la soirée…
[photo de Gilles Mauron pour le Chant du Gros]
En conclusion, voilà une première journée, la seule non sold-out de cette édition, plutôt faible pour mes goûts, comme vous l’aurez deviné. Deux concerts (Vanupié et Pascal Obispo) objectivement pas trop mal, mais pas à mon style et gâchés par un son affreux, puis un set beaucoup mieux mais au public absent, ça fait léger. Heureusement, les deux jours à suivre s’annoncent plus réjouissants !
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