Festival Venoge Festival, Penthalaz, Suisse
Soirée du mercredi 21 août 2019
Avec Silver Dust, Hey Satan, Velvetfish, Skunk Anansie, The Sisters of Mercy, Prophets of Rage
Le Venoge Festival a mis le paquet pour préparer une magnifique soirée rock en cette édition 2019. En effet, avec en tête d’affiche les excellents Prophets of Rage, joliment accompagnés de Skunk Anansie, impossible pour moi de rater ça, l’occasion de me rendre pour la première fois au festival de Penthalaz !
Le programme de ce premier jour de Venoge Festival 2019
Nouveauté pour cette édition, l’introduction du plus en plus répandu système cashless. Personnellement je trouve ça génial (c’est pratique, ça réduit énormément les files d’attente, ça permet de suivre ses dépenses, etc.) lorsqu’on peut, comme ici, recharger son compte en ligne, depuis son smartphone. Cela dit, si les bracelets auxquels sont attachées les puces cashless sont distribués à l’entrée pour les possesseurs d’abonnements et les accrédités, ça n’est pas le cas pour les festivaliers présents un seul jour. Eux doivent malheureusement faire la queue (semblant plutôt rapide) à un stand pour récupérer leur précieux. Un peu dommage.
Pour ma part, une fois mes deux bracelets au poignet (le cashless et un marqué “plus de 18 ans” — première fois que je vois un festival choisir de “marquer” absolument tous les spectateurs majeurs !), j’entends trois notes de la fin du set de Black Tropics, le groupe lausannois catalogué rock qui ouvrait la deuxième scène du site.
Site que je découvre donc : à gauche après l’entrée, une belle grappe de stands de bouffe et la “River stage” où jouait Black Tropics. A droite, un passage sous des tribunes mène à la grande scène leur faisant face, “La Licorne”. Si l’on traverse la fosse, on arrive dans l’espace “Village” où sont réunis tout le reste des vendeurs de nourriture. Tout au fond du Village, une autre nouveauté 2019, un plateau réservé aux artistes suisses nommé “Venoge Swiss Talent”.
Le plan de ce festival à la forme plutôt surprenante, coupé en deux par ses tribunes
En parlant de groupes suisses, c’est l’un d’entre eux qui a l’honneur de faire l’ouverture de la Licorne (cette phrase est relativement étrange, j’en conviens). Les Jurassiens de Silver Dust débarquent à “Pennetalaze”, comme le prononcera son leader sous les rires de l’assemblée, pour présenter leur rock — métal — electro, si j’ose résumer leur style comme ça.
Il faut dire que je connais bien la formation, que j’ai souvent vue (et même éclairée) depuis ses débuts en 2013. Ca faisait cependant longtemps que je ne les avais pas croisés, et ils ont bien évolué depuis, notamment grâce à de grosses tournées européennes en première partie de Lordi.
C’est la première fois que je les entends avec leur nouveau batteur. J’adorais l’ancien, Mr. Killjoy qui, en plus d’une technique que j’imagine irréprochable (je vais être honnête, j’y connais rien !), possède un jeu théâtral absolument génial, entre jonglage avec ses baguettes et grimaces surexpressives. C’est bien simple, c’était l’élément le plus charismatique du groupe ! Si rien ne peut être reproché à son remplaçant, Magma, il se retrouve cela dit comme n’importe quel batteur, en fond de scène, discret, coincé derrière ses fûts, avec le public qui lui jette au mieux un coup d’œil de temps en temps.
Les quatre costumés formant le line-up actuel de Silver Dust
[photo perso]
Cela dit, au rayon show, Silver Dust a bien d’autres éléments à proposer ! Les trois autres musiciens tout d’abord qui, sous leurs vêtements steam-punk, ont pris une grande assurance — ça se voit dans le jeu avec les caméras ou avec leurs fans. Des acteurs viennent de temps à autre renforcer la mise en scène à l’ambiance steampunk — gothique si bien travaillée par le combo. Un miroir – écran complète le tout, mais il est probablement plus adapté aux salles plongées dans le noir qu’au soleil festivalier de fin d’après-midi (tous comme les chapeaux des artistes ne faisaient pas bon ménage avec le vent !).
Le groupe terminera son concert — spectacle, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit, par un rappel, malgré un public un peu mou, excepté les fans des premières heures ayant fait le déplacement. Un très bon moment et un grand plaisir de réentendre Silver Dust pour ma part, même si ça aurait sûrement été mieux sur une scène plus petite et avec une ambiance plus tamisée. A revoir en salle très vite !
Petit solo toujours bien sympa du leader du groupe, Lord Campbell
[photo de Davide Gostoli pour le Venoge Festival]
Le temps de manger un morceau (les sandwichs magret de canard – foie gras – sauce aux cèpes sont plus qu’excellents !) et direction Hey Satan sur la River Stage. J’avais vu le trio de rockers il y a peu pour une première partie (aux Docks ou au Romandie, je ne sais plus), c’est donc sans surprise que je retrouve leur énergie et leur musique, certes sympathique mais relativement classique.
Hey, le public Satan à une bonne dose de rock local !
[photo de Thomas Ebert pour le Venoge Festival]
Je décide d’aller voir ce qui se passe du côté de la scène suisse, occupée par Velvetfish. Encore du rock, avec une chanteuse à la voix légèrement soul. On remarque assez vite que le groupe n’a pas une grande expérience scénique et a un peu de mal à communiquer avec son public. A revoir dans quelque temps, pour le moment je vais plutôt aller me placer face à la Licorne.
Entre backline et éclairage conséquent, Skunk Anansie a envahi tout l’espace de la Licorne !
[photo perso]
Skin, la charismatique front-woman de Skunk Anansie, est toujours la Lady Gaga du punk en ce qui concerne ses tenues ! Elle fait en effet irruption dans une robe plus qu’étonnante, sorte d’amas de feuilles d’alu. Le vent lui cause bien des soucis, et j’imagine qu’elle a dû être soulagée de pouvoir changer de costume une fois le premier morceau terminé !
Félicitations au photographe qui a réussi à prendre une image où Skin n’a pas la moitié de sa “robe” en pleine figure !
[photo de Alain Jordan pour le Venoge Festival]
Pour cette tournée anniversaire des 25 ans, les trois musiciens sont toujours les mêmes, accompagnés sur quelques morceaux par une claviériste n’apportant pas grand-chose. Malgré une setlist constituée de tubes dès le début, le public a un peu de mal à suivre l’énergie du groupe. Pas de quoi décourager Skin qui descendra très vite dans la fosse (et pas qu’une fois !) motiver ses troupes.
Le Venoge Festival se réveille enfin avec l’irruption d’un nouveau titre bien pêchu. Bonne nouvelle, l’ambiance ne retombera plus jusqu’à la fin de la bien trop courte heure de jeu du combo anglais. Le show est rôdé avec sa grosse machinerie, sans pour autant manquer à aucun moment de sincérité et de spontanéité.
Musicalement, je n’avais plus écouté le groupe depuis un bon moment. M’y étant remis quelques jours avant le concert, j’ai pu me remémorer à quel point leur répertoire est de qualité, et parfaitement adapté à un festival. Des tubes, des morceaux entraînants, d’autres plus posés, tout y est.
Et c’est reparti pour un nouveau bain de foule, portée par plein de mains certifiées de plus de 18 ans !
[photo de Alain Jordan pour le Venoge Festival]
Après quelques nouveaux morceaux ravageurs, discours engagés et remerciements, le concert se termine malheureusement déjà. Un vrai plaisir de revoir Skunk Anansie, avec une show-woman absolument géniale entourée de musiciens aussi talentueux que charismatiques, lancés sur une excellente setlist avec un show bien conçu. Grande réussite !
Le groupe suisse qui enchaîne, c’est Bounds of Silence, décrit comme power-pop. Pour ma part, je retourne plutôt du côté de la River Stage. En tout cas j’essaie… Le festival est très fréquenté ce soir, mais pas sold-out. Heureusement, parce que la circulation est déjà bien compliquée pour rejoindre la deuxième scène. Au bar du coin, malgré le cashless, les files sont bien longues, et certaines bières sont même épuisées (bières d’ailleurs malheureusement vendues qu’en 0,33 cl et pas en pinte, chères même pour un festival, et mauvaises). Bref, je me demande si, au vu de la configuration des lieux, le Venoge n’a pas été un peu trop gourmand au niveau de la jauge maximale…
Rien de bien grave cela dit, et j’arrive quand même à m’approcher du concert de The Sisters of Mercy, groupe culte du post-punk gothique comme je l’avais appris dans la presse l’après-midi puisque, en toute honnêteté, je n’en avais jamais entendu parler. Je m’attendais à apprécier, mais je déchante assez vite.
Si l’écoute que j’en avais faite durant le trajet me semblait prometteuse, en live c’est vraiment spécial, au point de couper la formation de son public. Contrairement à certaines personnes m’entourant, la boîte à rythmes au lieu d’un vrai batteur ne me dérange pas du tout. Par contre, le fait qu’ils ne soient pas éclairés de face autrement que par quelques projecteurs au sol, dont le faisceau en mouvement est poursuivi par les membres du groupe qui cherchent à foutre leur tête en plein dedans, est amusant au début, mais vite… étrange.
Passion courir après les faisceaux pour faire des grimaces dedans… hmmm, ok !
[photo de Davide Gostoli pour le Venoge Festival]
Je réécoute le groupe en écrivant ces lignes, trouve ça plutôt intéressant et regrette de ne pas avoir pu les apprécier en live, mais vraiment il y avait un truc qui ne passait pas. Dommage. Il faut dire que les musiciens ne faisaient rien pour installer une ambiance propice. Un des seuls mots du chanteur, entre deux morceaux, a été “blue”. “Blue” ? Ah, apparemment, vu la couleur éclairant la scène lors du titre suivant, ça devait être une instruction à la régie. Je me tourne machinalement vers celle-ci et…
Mais, l’éclairagiste, entre deux poussages de boutons sur sa régie, joue du keytar !?
[photo perso]
Le WTF est décidément total ! J’ai beau eu googler “Sistery of Mercy keytar”, je n’ai trouvé aucune mention de cette bizarrerie. Alors je comprends bien que quand t’as un keytar tu cherches à te cacher, mais quand même, jouer avec le groupe à distance, en faisant deux choses à la fois, ça surprend !
L’étonnement passé, je pars m’installer (un peu trop tard malheureusement, le public est déjà très nombreux) devant la Licorne que Prophets of Rage se prépare à enflammer — une phrase étrange de plus à rajouter à la collection !
J’avais vu le supergroupe (constitué de trois membres de Rage Against the Machine à la guitare et à la section rythmique, du DJ et d’un batteur de Public Enemy et de B-Real de Cypress Hill, pour rappel) une première fois aux Eurockéennes 2018. Quel plaisir de les retrouver dans un festival à la taille beaucoup plus intimiste !
Intimiste, certes, mais bondé et chaud bouillant !
[photo de Thomas Ebert pour le Venoge Festival]
Côté setlist, pas de modification notable depuis l’an passé. Quelques morceaux originaux, un medley de Cypress Hill, pleins de covers de Rage Against the Machine avec évidemment un final du set principal sur Killing in the Name, une dose de Jump Around, bref, c’est du haut niveau. Seul moment un peu plus calme, le très beau titre instrumental hommage à Chris Cornell d’Audioslave, avec un projecteur blanc joliment pointé sur un micro laissé inoccupé.
Au niveau de la formation, on remarque immédiatement le savoir-faire de l’ensemble des membres. Protégés par leurs gros bras venus se placer dans la fosse et au bord du cadre de scène quelques secondes avant l’entrée du groupe, ils enchaînent avec énergie, semblant heureux d’être là.
Et surtout il y a Tom Morello ! J’ai beau n’avoir malheureusement jamais tenu une guitare dans les mains et n’avoir aucune notion technique, je pourrais le regarder jouer pendant des heures. Il change totalement de style de jeu à peu près toutes les vingt secondes, avec virtuosité et sans que ça ne passe aucunement pour une démonstration prétentieuse. Même quand il imite un son de scratch pour rivaliser avec le DJ ça fait sens !
Magic Morello, le clou du spectacle de Prophets of Rage !
[photo de Davide Gostoli pour le Venoge Festival]
Le regard parfois passif, parfois s’amusant avec le public, il fait des miracles avec sa “Arm the Homeless” entre les doigts, semblant prendre un plaisir fou à passer de répertoire en répertoire, de technique en technique. C’est génial à voir et magnifique à entendre, tout ce qu’on demande en somme !
Après ce concert brillant, c’est l’heure de m’en aller — il ne restait cela dit que le rock’n’roll de Snurfu au programme, que j’aurais d’ailleurs eu le temps de découvrir vu le retard du train me ramenant chez moi…
Quel beau mercredi ! Deux concerts absolument excellents (Skunk Anansie et Prophets of Rage bien sûr) font que cette soirée du Venoge en surpasse pas mal d’autres de festivals bien plus gros. Silver Dust complétait parfaitement l’affiche, aux côtés de quelques groupes suisses sympathiques et de la déception de Sisters of Mercy, que j’ai encore un peu de mal à expliquer.
L’an prochain, le Venoge Festival devra déménager entièrement vers un tout nouveau site, voulu avec la même jauge. Espérons que ça leur permette de fluidifier la circulation pour les journées fréquentées comme celle-ci, et d’améliorer le débit des bars. Pour le reste, très belle découverte que ce festival à taille humaine et à bonne ambiance ! Je compte sur eux pour nous mijoter une si belle soirée rock en 2020 !