ZUP
De La Compagnie Urbaine
Dirigé techniquement par Jean-Marc Skatchko, Vincent Butori (régisseur général), Yann Veyrier (régisseur plateau)
Mis en scène par Nicolas Musin
Chorégraphies par Tobias Ellehammer, Jaron Johnson, Rithiely Pereira, Ivan Larson, Nicolas Musin
Collaboration artistique avec Laurent Deshusses (création théâtrale), Marine Besnard (répétiteuse), Loïc Dinga (répétiteur), Jaron Johnson (répétiteur), Rithiely Pereira (répétitrice), Cédric Bodinier (collaborateur artistique), Diego Guilloud (collaborateur artistique), Kevin Kalkoff (collaborateur artistique)
Avec Georgia Curtis (danse), Saskia Horton (danse), Bailie McGloin (danse), Ola Papior (danse), Zhané Samuels (danse), Selin Spühler (danse), Jaïh Betote (danse), Remi Black (danse), Leroy Curwood (danse), Tyrone Isaac-Stuart (danse), Kiel Ewen (danse), Tarik Frimpong (danse), Jordan Melchor (danse), Nicklas Milling (danse), Moa André Bomolo (danse), Loïc Dinga (danse), Ernesto Marquez (danse), Benji Sanou (danse), Valmira Rexhepi (danse), Groupe Dabòk (danse), Sarawanee Tanatanit (danse), Oona De Cleyn (danse), Sacha Conca (skateboard), Tenzin Jigdral Drakmargyapon (skateboard), Vincent Meynard (skateboard), Cédric Oosterhoff (skateboard), Gaëtan Vaucher (skateboard), Stephane Alfano (rollers), Julien Cudot (rollers), Diego Guilloud (rollers), Thomas Lieurey (rollers), Luca Painelli (rollers), Thomas Benedetti (BMX), Thibaud Delas (BMX), Kevin Kalkoff (BMX), Vincent Pillon (BMX), Adrien Sabatier (BMX), Caryl Cordt-Moller (parkour), Laurent Deshusses (acteur), Jean-Philippe Meyer (acteur)
Décors par Laurent Malleval
Equipements acrobatiques par Jean-Claude Blaser – Scene-Concept (machines de vol)
Lumières par Olivier Jondot
Vidéos par David Mathias – Cosmo AV, Philipp Contag-Lada, Benni Müller (régisseur vidéo)
Musiques par Tim Paris
Création sonore par Yohann Progler
Costumes par Mathilde Brette
Théâtre Ephémère du Skatepark de Plainpalais, Genève, Suisse
Produit par La Compagnie Urbaine (producteur, organisateur)
Représentation du mardi 3 octobre 2017 à 20h30
Placé en carré argent (rang H, place 28)
Payé 45.00 CHF (tarif adhérent FNAC)
Le théâtre éphémère construit au-dessus du skatepark, en plein coeur de Plainpalais
[photo de scott-visuals.com, via la page Facebook du spectacle]
L’un des événements culturels genevois de cette fin d’été 2017 fut le spectacle “ZUP”, proposé par une association du nom de La compagnie urbaine. Au programme, un show mélangeant skateboard, BMX, roller, trottinette, parkour, danse, acrobaties en volant, théâtre et mapping vidéo, rien que ça !
Comme cadre de représentation, le skatepark de Plainpalais, dont un bon tiers a été recouvert pour l’occasion par une grosse structure provisoire en bois, abritant la tribune et la scène, à savoir le bowl lui-même. Une astucieuse paroi mobile en fond de bâtiment permet, lorsqu’elle est baissée, d’utiliser l’espace pour le spectacle et, lorsqu’elle est levée durant la journée, de rendre les lieux à ses riders habituels. Ayant eu la chance de pouvoir visiter l’endroit pendant sa construction, je dois cependant reconnaître qu’il était beaucoup plus joli à ce moment, avec, au point le plus large du “théâtre”, l’impressionnante poutre de 62 mètres de portée. Malheureusement, une fois la structure recouverte et murée, l’ensemble a perdu de son charme et de sa légèreté…
L’espace scénique, avec mapping dans le bowl et cubes flottants (absolument pas exploités cela dit) au-dessus
[photo de scott-visuals.com, via la page Facebook du spectacle]
Mais revenons au spectacle, que j’étais très curieux de découvrir en tant qu’amateur de ce genre de gros shows multidisciplines, d’autant plus que celui-ci était annoncé comme scénarisé. A ce niveau-là, n’y allons pas par quatre chemins, c’est une catastrophe. “L’intrigue”, si j’ose dire, tient en une demi-ligne : un homme a un coup de foudre et tente de retrouver la femme en question, qui est là, qui n’est plus là, qui est là, qui n’est plus là, qui est là … Bref, pour l’originalité, dur de faire pire. Mais là où ils ont réussi à faire pire, c’est au niveau des dialogues, qui flirtent quasiment en permanence avec le ridicule. Même les acteurs (à savoir l’amoureux, accompagné du philosophe du dimanche qui connaît les lieux comme sa poche et que le concepteur a affublé d’un cigare pour le style) sont mauvais, peu aidés par des micros difficilement compréhensibles. Je dis souvent qu’à mon goût un spectacle doit avoir un scénario ou au moins un fil rouge, mais si c’est pour en arriver à sortir des inepties pareilles, mieux vaut s’abstenir.
Revenons donc à ce qui se passe sur scène dès le début du show, avec ce très joli mapping qui habille les courbes du bowl. Excellente idée d’avoir pensé à cette technique, le rendu est très bon, même si j’étais placé un peu trop bas sur la tribune pour pouvoir apprécier pleinement l’effet.
Les discussions entre l’amoureux et l’idiot au cigare servent à faire le lien entre les différents tableaux, la plupart recourant à de la danse avec quelques “personnages” clés reconnaissables au milieu de la vingtaine d’artistes, dont la pauvre femme victime du coup de foudre, par ailleurs superbe danseuse. Si je ne suis pas apte à juger de la difficulté technique des chorégraphies présentées, je peux par contre dire qu’il m’est arrivé de trouver certains passages un peu longs. Le problème ne vient pas vraiment de la durée elle-même, mais plutôt d’un manque de rythme et de progression dans la chorégraphie et dans la musique qui l’accompagne. En effet, la BO, spécialement composée pour l’occasion, est très variée, mais manque souvent d’énergie ou de lyrisme, bref, de ce qu’il faut pour donner de la pêche quand vingt danseurs occupent une scène de très grande taille. Grande scène qu’ils ont d’ailleurs du mal à habiter, la mise en scène ayant oublié les notions d’occupation de l’espace.
Une photo assez parlante concernant ma critique du manque d’espace occupé par les danseurs…
[photo de scott-visuals.com, via la page Facebook du spectacle]
Les stars du spectacle sont évidemment les riders, qui sont cependant bien rares au final sur la durée totale de la représentation. Là non plus, je n’ai aucune connaissance me permettant de juger de la qualité technique de ce qui est montré, mais ce qui est sûr, c’est que, contrairement à la danse, tout le monde regrette que ces passages ne soient pas plus longs ! La vitesse à laquelle les artistes arrivent dans le bowl, la façon dont ils interagissent et l’action qui se déroule dans tous les recoins de la “scène” rendent le tout très plaisant, mais bien trop court et avec un rythme une fois de plus assez mal dosé.
En dehors des danseurs, skaters, BMXers, rollerers (j’invente des noms comme je peux) et du trotinetter (qui fait un unique passage aussi court qu’impressionnant), il faut signaler l’excellent adepte du parkour, qui se déplace à travers le bowl de manière assez incroyable. C’est incontestablement un des clous du spectacle.
Les riders de la Compagnie Urbaine à l’oeuvre…
[photo de scott-visuals.com, via la page Facebook du spectacle]
Si l’ensemble de la première heure et quart nous laisse souvent sur notre faim, principalement à cause de soucis de rythme, le dernier quart d’heure est lui d’excellente qualité, quasiment irréprochable, à commencer par un tableau marin, avec un très beau mapping peignant des vagues sur le béton du bowl. Nos deux comédiens préférés sont transformés en surfeurs volant au-dessus de la scène, où interagissent de façon brillante un artiste en roller et le “traceur” susmentionné. Vraiment excellent.
Le final en lui-même recourt à nouveau au mapping, avec une ligne rouge tracée peu à peu à travers le bowl, que suivent les représentants des diverses disciplines avant de se lancer dans un très beau chassé-croisé, pour une fois pas dénué d’énergie et de rythme !
Le spectaculaire duel entre parkour et roller au milieu des vagues…
[photo de scott-visuals.com, via la page Facebook du spectacle]
Voilà pour ce qu’il y a à dire principalement sur ce ZUP, qui souffre selon moi de ce que j’appelle le “syndrome du show à l’américaine, mais à l’européenne”. A savoir qu’il y a un espace de jeu immense, des moyens techniques impressionnants, des artistes talentueux, mais que le tout est gâché par l’équipe artistique, qui n’a vraisemblablement pas de notion de storytelling, un manque de grandeur dans la mise en scène, peu de sens du rythme et une volonté d’intellectualisation théâtrale extrêmement mal gérée et au final bien ridicule.
C’est le gros défaut de ce projet, il n’empêche que le public assiste à un spectacle ambitieux, agréable à voir avec un final d’excellente qualité. Parmi les points forts se trouvent le talent incontestable de l’ensemble des artistes (comédiens mis à part) ainsi que ce mapping vidéo sur le bowl au rendu très plaisant. La scénographie allant autour est elle aussi très bien gérée, même si j’ai été étonné de constater que les cubes géants accrochés au plafond n’étaient absolument pas exploités. Au rayon des défauts se classent une musique de qualité, mais peu adaptée à ce style de grands spectacles, des riders finalement pas assez présents, des scènes de danse mal conçues et apparaissant comme trop longues, une mise en scène peu convaincante et surtout un gros échec au niveau du storytelling et du rythme injecté, résultant entre autres en ces lamentables parties théâtrales. Un projet honorable et sympathique donc, auquel il ne manquerait qu’un peu plus d’expérience en la matière et de volonté du côté de la création artistique pour en faire un spectacle de niveau bien supérieur.