13 à table
De Marc-Gilbert Sauvajon
Adapté par Pierre Palmade
Mis en scène par Pierre Palmade assisté par Alexandra Chouraqui
Avec Jean Leduc, Yann Papin, Teresa Ovidio, Loïc Blanco, Thierry Pietra (remplace Christophe Canard présent sur l’affiche), Joffrey Platel, Laurence Yayel
Décors par Claire Palmade
Lumières par Jean-Charles Pfauwadel
Musiques par Nicolas d’Armagnac
Costumes par Julie Exertier Barnay
Théâtre du Léman, Genève, Suisse
Produit par Ki m’aime me suive (producteur, tourneur), Swiss Arthur Prod (organisateur)
Représentation du mercredi 12 février 2014 à 20h30
Placé en quatrième catégorie (rang Y, place 54)
Payé 30.00 CHF
Le casting entourant Pierre Palmade, le metteur en scène
[photo de Antoine Muller, via Ki m’aime me suive]
Après avoir vu Les grands moyens du côté de Morges, me voilà le lendemain au Théâtre du Léman, à Genève. Une fois de plus c’est une pièce comique que je viens voir, un vrai vaudeville cette fois-ci, bien plus classique que la pièce vue le soir d’avant (la version originale de 13 à table date d’ailleurs de 1953).
Le texte a été remis au goût du jour par Pierre Palmade qui signe également la mise en scène de la pièce dans laquelle joue sept acteurs venus de “La troupe à Palmade”, à savoir une trentaine de comédiens que l’humoriste a pris sous son aile et qui sont depuis à l’affiche de nombreux spectacles et pièces de théâtre.
L’idée de départ de la pièce est simple : nous sommes chez un coupe, le soir de Noël, à quelques minutes de l’arrivée des invités pour le Réveillon. Tout à été préparé dans les moindres détails, du menu au cadeau à offrir à chaque convive, seul un détail a été oublié : ils seront treize à table, ce qui est impossible à accepter pour un des deux hôtes.
Dans une des premières mises en scène de la pièce c’est Marthe Mercadier qui jouait le rôle de la bourgeoise superstitieuse pour qui il était inconcevable de passer la soirée attablés à treize, quoi qu’en pense son mari. Dans la version de Palmade le couple de bourgeois est remplacé par un couple homosexuel, le superstitieux étant incarné par Jean Leduc.
Jean Leduc dans la peau de son personnage, le rôle principal de la pièce
[photo de Antoine Muller, via Ki m’aime me suive]
Si vous ne connaissez pas Jean Leduc, la meilleure façon de vous le décrire est de dire qu’il a une voix très haut perchée et qu’il était d’ailleurs chanteur avant de devenir acteur. Il a été vu dans la comédie musicale Cindy, véritable merde dont certains passages font le buzz en raison de leur nullité rendant le tout particulièrement comique. Mais se moquer du CV d’un acteur n’est pas très productif, d’autant que Jean Leduc est très bon dans son rôle de superstitieux maniéré. Pour situer la folie de l’acteur, j’ai pu lire dans une interview que Pierre Palmade comparait son protégé à un mélange entre Michel Serrault et Louis de Funès.
Le rideau s’ouvre sur le couple occupé à engager un domestique pour la soirée. L’action se poursuit par la vérification des cadeaux à distribuer, moment où le personnage de Jean Leduc se rend compte de la catastrophe qui est en train de lui arriver.
A partir de là ce dernier se transforme en véritable hystérique prêt à tout pour trouver un nouvel invité, qu’il le connaisse ou pas, qu’il le déteste ou pas. Et s’il n’est pas possible de trouver un quatorzième convive, il est aussi prêt à faire le contraire, c’est à dire à tout oser pour décommander un invité.
Tout allait bien jusqu’à ce que les deux amoureux comptent le nombre de cadeaux accrochés au sapin derrière eux…
[photo de Antoine Muller, via Ki m’aime me suive]
Vous l’aurez compris, le reste de la pièce sera un véritable yoyo entre douze, treize et quatorze invités. C’est par moment plutôt drôle mais la pièce étant très longue (deux heures, trop pour du vaudeville à mon avis), ça devient extrêmement prévisible et assez vite ennuyant.
Il y a bien une intrigue secondaire (sans trop vous en dire, l’ex-femme du conjoint de Jean Leduc fait son apparition) mais elle est particulièrement tordue et l’actrice à l’accent espagnol au centre de l’affaire surjoue énormément ce qui nous donne juste envie de voir ces scènes se terminer.
Pourquoi Pierre Palmade n’a-t-il pas profité de sa ré-écriture pour donner du rythme à ce texte soixantenaire qui mériterait d’être amputé d’une bonne demi-heure ? Pourquoi ne pas avoir introduit quelques originalités dans la mise en scène beaucoup trop plate ? C’est un mystère mais, ce qui est sûr, c’est que ça conduit à de nombreuses longueurs et à une pièce sans surprises, donc à un ennui du spectateur.
Si toutes les photos se ressemblent, c’est que toutes les scènes de la pièce se ressemblent elles aussi…
[photo de Antoine Muller, via Ki m’aime me suive]
Heureusement les acteurs sont plutôt bons à l’exception, comme dit plus haut, du personnage à l’accent espagnol interprété par Teresa Ovidio. Comme son nom l’indique, l’accent est d’origine (une volonté de Pierre Palmade), mais ça n’est pas ça le problème, c’est le surjeu gestuel et vocal poussé à l’extrême, terriblement énervant. Il faut quand même dire que ça n’est pas la seule, il y a beaucoup d’acteurs qui exagèrent leur gestuelle, mais chez eux ça passe, ça s’accorde avec l’excentricité de leurs personnage. Chez Teresa Ovidio par-contre, c’est trop.
En conclusion je dirais que 13 à table est une vieille pièce avec un très bon texte et quelques excellentes lignes de dialogues. Malheureusement Pierre Palmade n’a pas réussi à suffisamment moderniser l’ensemble en lui infligeant du rythme et des surprises visuelles, ce qui fait que ça reste un vaudeville trop classique et ennuyeux (et pourtant j’adore le style). Heureusement que le casting, même sans nom connu, est à la hauteur. En fait, j’en viens à me demander si le plus gros problème dans cette pièce ne serait pas Pierre Palmade…