Mamma Mia
Livret par Catherine Johnson
Musiques par Benny Andersson (auteur-compositeur), Björn Ulvaeus (auteur-compositeur), Martin Koch (arrangeur, directeur musical)
Mis en scène par Phyllida Lloyd
Chorégraphies par Anthony Van Laast assisté par Jamie Wilkin, Sarah Wilkie (responsable des danseurs en tournée), Jamie Wilkin (responsable des danseurs en tournée)
Dirigé artistiquement par Mark Hilton (directeur artistique en tournée)
Avec Sara Poyzer, Niamh Perry, Mark Jardine, Michael Beckley, Richard Standing, Shobna Gulati, Anna Stolli, Justin Thomas, Alex Simmons, Charlie Stemp, Daniella Bowen, Tara Young, Matthew Ronchetti, Francesca Ellis, Holly Ashton, Charlotte Bradford, Devon-Elise Johnson, Matt Kennedy, Gemma Lawson, Scott Mobley, Dean Read, Parisa Shahmir, Tom Stanford-Wheatley, Katy Stredder, Rhodri Watkins, Simon Willmont, Sarah Wilkie (swing), Michael Anthony (swing), Ellie Rutherford (swing)
Décors par Mark Thompson
Lumières par Howard Harrison
Création sonore par Andrew Bruce, Bobby Aitken
Théâtre de Beaulieu, Lausanne, Suisse
Produit par Littlestar Services (producteur, tourneur), Universal (coproducteur), Stage Entertainment (coproducteur), NGM (coproducteur), Opus One (organisateur), ABC Productions (organisateur)
Représentation du dimanche 14 février 2016 à 18h00
Placé en deuxième catégorie (rang I, place 27)
Payé 0.00 CHF (invitation)
Une partie du casting de cette production de “Mamma Mia!” dans le village grec où se situe l’action
[photo de Brinkhoff / Mögenburg, via le site du spectacle]
Première fois que je mettais les pieds dans le Théâtre de Beaulieu, plus grand théâtre de Suisse (1’844 places) pourtant situé à quelques minutes de chez moi. Il faut dire que cette salle a été sous-exploitée pendant des années jusqu’à ce qu’Opus One en reprenne les commandes il y a quelques semaines. Premier gros coup de la société nyonnaise, la programmation de la comédie musicale à succès “Mamma Mia!” pour 14 représentations étalées sur 11 jours. Ca fait vraiment plaisir de voir que la Suisse romande compte enfin un théâtre flirtant avec les 2’000 places capables d’accueillir ce genre de grosses productions (la Suisse allemande disposant déjà du Theater 11 zurichois et du Musical Theater à Bâle), spectacles qui s’apprécient bien plus dans ce cadre que dans celui de l’Arena genevoise. J’espère que la programmation continuera sur cette lancée !
Mais j’en reviens à “Mamma Mia!” ; 17 ans depuis la première mondiale, 17 ans également de représentations ininterrompues à Londres où la comédie musicale est toujours à l’affiche, 5’773 séances new-yorkaises entre 2001 et 2015 en faisant ainsi le huitième spectacle le plus joué de tous les temps sur Broadway, des tournées dans plus de 40 pays, des troupes fixes s’étant installées pour des durées plus ou moins longues un peu partout (Toronto, Las Vegas, Hambourg, Tokyo, Madrid, Berlin, Paris, sur un bateau de croisières, …), une adaptation pour le grand écran, bref, dans la catégorie des comédies musicales à succès, “Mamma Mia!” est dans le haut du panier.
Des chansons connues par tous, de la bonne humeur et de l’énergie, voilà la clé de la longévité de “Mamma Mia!”
[photo de Brinkhoff / Mögenburg, via le site du spectacle]
J’avais personnellement déjà vu le spectacle à Paris en 2010 ou 2011… en français. Et traduire des tubes aussi connus que ceux d’Abba est une idée pour le moins étrange. Je viens de réécouter le massacre pour me raviver les souvenirs, le constat reste le même : ça donne l’impression d’une parodie (ce que les Franglaises font avec talent). J’étais donc impatient de redécouvrir la comédie musicale en version originale sous-titrée du côté de Lausanne.
En parlant de sous-titres, ils devraient plutôt être nommés “surlecôté-titre”, puisqu’ils se trouvent en effet sur deux télés posées sur le bord de la scène et sur deux écrans géants disposés un peu plus en hauteur. Il est donc quasiment impossible d’avoir en même temps dans le champ de vision l’action et sa traduction écrite, sauf, peut-être, en étant installé à des places bien centrées du balcon. Ca peut poser problème aux personnes ne comprenant pas un mot d’anglais, mais me concernant ça ne m’a pas dérangé à un seul instant.
La dernière soirée avant le mariage, une des scènes très réussies du spectacle
[photo de Brinkhoff / Mögenburg, via le site du spectacle]
Entre le succès de la comédie musicale et celui du film du même nom, vous connaissez probablement l’histoire autour de laquelle gravite ce musical : Donna, mère célibataire, vit sur une île grecque avec sa fille Sophie, jeune fiancée. Celle-ci n’a jamais vu son père et tient absolument à le rencontrer lors de son mariage. Elle trouve le journal intime de sa mère et y apprend qu’à l’époque elle a couché en quelques jours avec trois hommes différents et qu’elle n’a aucune idée duquel est le père de Sophie. Cette dernière décide donc de les inviter tous les trois au mariage, sans avertir sa mère, en espérant pouvoir tirer les choses au clair…
Les moyens techniques du spectacle ne sont pas spécialement imposants, le décor reposant sur deux éléments astucieusement modulables, représentant après rotation dans un sens ou dans l’autre la terrasse du café de Donna ou l’intérieur des bâtiments. Le travail sur l’éclairage est excellent, permettant de passer d’une ambiance méditerranéenne d’extérieur à une fête disco des plus énergiques grâce à une intelligente utilisation de la fumée. Les costumes sont eux très réussis, des kitchissimes tenues de soirée des trois anciennes “reines de la nuit” (Donna et ses amies, également présentes pour les festivités) aux habits clichés des trois amants sans oublier les combinaisons de plongée de la séquence de danse avec des palmes…
Ambiance Club Med assurée pour la danse des palmes !
[photo de Brinkhoff / Mögenburg, via le site du spectacle]
La mise en scène est évidemment millimétrée comme il se doit en ayant autant de personnes sur le plateau (une trentaine de comédiens), mais reste parfaitement naturelle. Il y a d’ailleurs de très bonnes idées, dont la scène de la soirée prémariage lors de laquelle Sophie discute tour à tour avec ses différents pères potentiels, les entraînant un instant en dehors de la piste de danse, pour un amusant résultat. Le spectacle ne manque en effet pas d’humour, à ajouter à sa dose de bonne humeur déjà conséquente !
Quant aux chorégraphies et aux hits si célèbres d’Abba, sur lesquels tout repose, ils sont superbement interprétés par un casting de grande classe, accompagné par un orchestre irréprochable (puisque la musique est évidemment jouée en live). Si les rôles-titres que sont ceux de Sophie et Donna sont excellemment tenus, il me faut signaler qu’il en est de même de la quasi-totalité de la troupe, avec une mention spéciale pour les deux meilleurs amis du futur mari de Sophie et pour les trois amants de Donna.
Les trois amants de Donna, aux caractères autant drôles que stéréotypés !
[photo de Brinkhoff / Mögenburg, via le site du spectacle]
Si certains peuvent penser que n’importe quel spectacle mettant à l’honneur les tubes du groupe suédois pourrait avoir le même succès, il faut signaler que ce spectacle n’est pas un simple enchaînement de saynètes – il y a un véritable liant bien travaillé là derrière. Construire un récit sur un répertoire déjà existant peut paraître casse-gueule, mais ici, à l’exception peut-être d’un ou deux titres, l’illusion fonctionne et les chansons mille fois entendues semblent presque avoir été écrites spécialement pour servir l’histoire. L’action avance à un bon rythme (si ce n’est éventuellement le début du deuxième acte) de façon bien plus fluide que de nombreuses productions construites à partir de zéro. De même, les transitions entre les parties parlées et les parties chantées sont parfaites.
Un petit mot encore sur le final, particulièrement réussi. Je suis souvent déçu par le côté mécanique des saluts dans les comédies musicales anglo-saxonnes, envoyés le plus rapidement possible. Ici, le final s’éternise avec les reprises des tubes les plus célèbres entendus tout au long du spectacle pour le plus grand plaisir du public. Celui-ci, debout, semble ne demander qu’à passer une longue soirée de folie en compagnie de la troupe ! L’ambiance était au top au moment du fermer de rideau, une belle preuve de la bonne humeur dégagée par cette comédie musicale.
Le final en mode “soirée disco” avec Donna et ses deux amies, superbe moyen de terminer le spectacle (à signaler que l’actrice de droite n’était pas la même que sur cette photo) !
[photo de Brinkhoff / Mögenburg, via le site du spectacle]
Conclusion ? Une véritable réussite en tous points ! Si, au premier abord, l’idée de réunir les tubes d’Abba pour en faire unecomédie musicale peut donner l’impression d’un concept marketing foireux, il n’en est rien. Je dirais même plus, il n’y a probablement pas meilleur moyen de rendre hommage à l’héritage musical laissé par le groupe suédois ! L’histoire tient debout, les chansons sont très bien intégrées dans celle-ci, le décor est aussi simple que bien conçu, de même que la mise en scène. L’humour, les amusants costumes et le casting irréprochable autant dans le domaine du chant que dans celui des chorégraphies et du jeu donnent au spectacle une énergie débordante et de la bonne humeur communicative, comme le prouve le public lors de l’éblouissant final ! Je ne peux donc que vous conseiller de foncer au plus vite découvrir cette comédie musicale particulièrement réussie !
Remarque : le casting visible sur les photos et cité en tête de cet article est celui habituel, donné par la production. Il est peut-être différent de celui que j’ai vu sur scène. Etant le pire physionomiste du monde, je ne suis sûr de rien !